
Le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion au Kremlin, le 23 septembre 2025 à Moscou ( POOL / Alexander KAZAKOV )
La Russie a assuré mercredi que l'Ukraine n'était pas en mesure de reprendre des territoires face à son armée, contrairement à ce que Donald Trump a affirmé la veille, et entendre poursuivre son assaut débuté en 2022.
Après avoir longtemps martelé que Moscou dominait militairement, le président américain a effectué une volte-face abrupte mardi en estimant que l'Ukraine pourrait "regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin" face à la Russie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé qu'il s'agissait d'une "thèse erronée" lors de son briefing quotidien auquel participait l'AFP.
Donald Trump, qui s'était rapproché de Vladimir Poutine mais a exprimé une frustration croissante à son égard ces dernières semaines, a aussi comparé mardi la Russie à un "tigre de papier", qui paraît puissant mais ne l'est pas, et jugé sa situation économique critique.
"La Russie n'est pas un tigre. La Russie est davantage associée à un ours. Et les ours de papier n'existent pas", a rétorqué M. Peskov.
Il a vanté la "stabilité économique" de la Russie, tout en admettant "des tensions et des problèmes dans différents secteurs".
Dmitri Peskov a aussi assuré que la Russie comptait bien poursuivre son offensive en Ukraine, lors d'une intervention sur une radio russe mercredi.
- "Bonne chance" -
"Nous poursuivons notre opération militaire spéciale pour assurer nos intérêts et atteindre les objectifs" fixés par Vladimir Poutine, a-t-il dit, utilisant l'euphémisme imposé par les autorités russes pour décrire leur assaut.
"Et nous agissons ainsi pour le présent et l'avenir de notre pays, pour les nombreuses générations à venir", a dit le porte-parole. "Nous n'avons donc pas d'alternative".
Après son retour au pouvoir en janvier, M. Trump avait initié un rapprochement avec Moscou dans l'espoir de mettre fin au conflit en Ukraine, le plus sanglant en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale.

Le président russe Vladimir Poutine lors de la présentation d'équipements militaires à l'occasion de manoeuvres conjointes entre la Russie et le Bélarus, dans un centre d'entraînement dans l'oblast de Nijni Novgorod, en Russie, le 16 septembre 2025 ( POOL / Sergei BOBYLYOV )
Donald Trump, tout en adoptant un ton plus favorable à l'Ukraine mardi, a semblé se distancer d'un conflit qu'il avait un temps promis de régler en 24 heures, souhaitant "bonne chance à tout le monde".
Il n'a rien dit du rôle que les Etats-Unis joueraient par la suite, qu'il s'agisse de sanctionner la Russie, de soutenir Kiev, ou de faire office de médiateur.
Les tentatives pour trouver une issue diplomatique au conflit ont pour l'heure échoué, tant les positions de Moscou et de Kiev, les modalités d'un cessez-le-feu ou d'une rencontre entre leurs deux dirigeants sont diamétralement opposées.

Carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 17 août 2025 ( AFP / Guillermo RIVAS PACHECO )
La Russie, qui occupe environ 20% de l'Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l'Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales pour se protéger, idée que la Russie juge inacceptable.
L'Ukraine et Washington veulent désormais attaquer la Russie au porte-monnaie en réduisant ses exportations énergétiques vitales.
- Résultats "proches de zéro" -
Les dépenses gigantesques réalisées par le Kremlin pour son offensive en Ukraine ont entraîné la Russie dans un déficit budgétaire, et le ministère russe des Finances a proposé mercredi d'augmenter la TVA à partir de l'année prochaine pour le compenser.
Kiev a intensifié ses attaques contre les sites pétroliers et gaziers en Russie. Ses drones ont frappé une importante raffinerie dans la région centrale du Bachkortostan pendant la nuit, provoquant un violent incendie.

Des pompiers luttent contre un incendie sur le site d'une attaque de drone russe à Kharkiv, le 23 septembre 2025 en Ukraine ( AFP / SERGEY BOBOK )
Une attaque de drone ukrainien a aussi fait deux morts dans la ville russe de Novorossiïsk, près de la Crimée annexée, a indiqué le gouverneur russe sur les réseaux sociaux.
Les efforts de paix concernant l'Ukraine étant dans l'impasse, Dmitri Peskov a déploré mercredi que le rapprochement entre Moscou et Washington ait mené à des résultats "proches de zéro".
Volodymyr Zelensky, au contraire, s'est réjoui mardi du "grand tournant" que constituent les dernières déclarations de Donald Trump.
En Ukraine, des habitants de Kiev interrogés mercredi par l'AFP ont toutefois fait part de leur scepticisme après le nouveau revirement de l'imprévisible président américain.
"Attendons une semaine de plus, il pourrait dire quelque chose d'autre", juge ainsi Artiom, 24 ans, qui refuse de donner son nom.
Même son de cloche à Moscou, où Vladimir, professeur de karaté de 68 ans, juge qu'"aujourd'hui il a dit ceci, demain il dira cela. Alors, l'écouter...".
Svetlana Vassilenko, 68 ans, dit elle aussi prêter peu d'importance au virage de Donald Trump. "C'est un grand acteur, il aurait dû choisir une autre carrière".
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